La police scientifique, qui a �t� charg�e d'enqu�ter sur les incendies du massif des Maures, le 28 juillet dernier, n'a rien trouv� d'anormal dans les analyses de terrain. � la suite de ce terrible incendie, qui a ravag� plus de 20 000 ha dans le massif des Maures-Esterel, le parquet de Draguignan avait ouvert une information judiciaire apr�s la plainte du maire de Fr�jus, Elie Brun. Quatre personnes avaient trouv� la mort dans ce sinistre. L'enqu�te a �t� confi�e, d'une part, � la section des recherches de la gendarmerie et, d'autre part, aux techniciens du laboratoire interr�gional de police scientifique de Marseille. Les fonctionnaires se sont rendus sur les diff�rents lieux de d�parts de feu et ont ramass� de la terre, des brindilles, des �corces de bois et des r�sines dans les arbres afin d'avoir une piste. Tout a �t� analys� par des machines tr�s sophistiqu�es. Rien ! Pas la moindre trace d'hydrocarbures ou de produits dits acc�l�rants.
De telles constatations mettent en exergue les feux de for�t en Corse. Un pompier continental, �puis� par l�incessant combat de ces derniers jours, livre son sentiment. � Je ne veux surtout pas qu�on prenne mal ce que je vais dire. Mais, ici en Corse, la plupart des incendies sont dus � la malveillance ou � la folie humaine �. Propos corrobor� par un pilote de Canadair. � Souvent, � peine avons-nous largu� notre charge d�eau que nous voyons un d�part de feu un kilom�tre plus loin. Il est �vident qu�il y a des criminels qui jouent avec les pompiers. �
La s�cheresse aggrave de tels comportements. Mais il est vrai que dans le Cap la plupart des incendies ont des origines agro-pastorales. Cela peut �tre aussi des vengeances, des rivalit�s entre chasseurs ou tout simplement le plaisir pervers d��tre � l�origine du bal des Canadairs.
� Les ind�pendantistes qui d�non�aient il y a quinze jours l�insuffisance de moyens feraient bien de protester contre de tels comportements qui ruinent la Corse � maugr�ait un pompier qui se dit pourtant lui-m�me nationaliste. � Je dois avouer que sans les secours venus du continent, la Corse aurait flamb�. Le v�ritable probl�me n�est pas celui des moyens mais celui de ces fous qui s�amusent avec nos nerfs. �
Les incendies semblent �tre comme les plasticages : l�expression d�un d�r�glement d�une soci�t� qui n�a plus de rep�res. On met le feu pour attirer l�attention sur soi comme on incendie des voitures dans les cit�s alsaciennes.
On s�auto-mutile, on d�truit son propre patrimoine pour dire ce qu�on est incapable d�exprimer. En attendant la Corse souffre et les pompiers sont �puis�s. Nous publions ci-dessous un tr�s beau reportage de l�AP sur cette lassitude des soldats du feu.
Des soldats du feu "ext�nu�s"
Ils ont le regard las et le pas qui tra�ne. Leurs bras pendent n�gligemment le long du corps. Leur uniforme, sali par les cendres, ne ressemble plus � rien. Sans rel�che depuis le mois de juin, les soldats du feu combattent jour apr�s jour les incendies qui d�vorent maquis et v�g�tation, faisant d'une partie de l'�le de Beaut� un territoire calcin�, sans vie.
"Le sentiment g�n�ral, c'est de la lassitude et de l'exasp�ration", l�che le capitaine Christian Garredo. "C'est une situation hors norme, � la fois en raison du taux d'hydrom�trie en montagne de 20% au lieu des 60% habituels, et de la s�cheresse. La temp�rature au sol avoisine les 35�C, les v�g�taux sont dans un �tat de dess�chement extr�me. On croit avoir bien mouill� un endroit et d�s qu'on se retourne, le feu red�marre".
Le temps d'attaquer un premier foyer et dans les minutes qui suivent, ce sont trois autres d�parts qui viennent de na�tre, n�cessitant une dispersion des secours et finalement, l'�puisement moral.
Ces hommes passent huit, dix, douze heures, parfois davantage � gratter le sol sans repos en lisi�re des feux, � retourner l'humus pour l'impr�gner d'un peu d'humidit�, � lutter lance en main pour prot�ger les maisons des flammes, ou encore parfois � la cr�ation urgente d'un pare-feu. Quand ils sont h�liport�s sur une cr�te, ils restent seuls jusqu'� la tomb�e de la nuit et souvent en plein soleil pendant des heures enti�res. Les plages de repos sont rares.
Isol�s, la moindre inattention peut leur co�ter cher. Mercredi dernier, ce sont 60 pompiers qui ont d� reculer devant les flammes en for�t de Libio et �tre h�liport�s d'urgence pour ne pas mettre leur vie en p�ril.
"On est seul l�-haut, physiquement et psychologiquement. Le danger est omnipr�sent, c'est un facteur de stress important. On mange mal, m�me si on essaie de faire du mieux possible, et l'effort physique est dense surtout au bout de 15 heures en plein soleil", avoue le capitaine Garredo, membre du syndicat des sapeurs-pompiers de Corse-du-Sud
Le soir, et en attendant la rel�ve qui arrivera deux jours plus tard, les pompiers dorment � la belle �toile. Un repos bienvenu, mais � l'effet r�parateur limit�. L'alimentation carenc�e conjugu�e � l'effort physique extr�me leur fait perdre beaucoup de sels min�raux. La nuit ne permet � l'organisme de se reconstituer. De quoi susciter l'inqui�tude et la peur du drame.
"� un moment donn�, on va arriver � des limites en terme de r�sistance tant humaine et mat�rielle. Les hommes sont ext�nu�s. Il suffit de regarder leurs yeux le soir pour comprendre. M�me nos moyens mat�riels sont tr�s sollicit�s et ne sont pas faits pour travailler dans de telles conditions. Fatalement, le risque d'erreur grandit et ce sont des vies que l'on met en danger", s'inqui�te le capitaine Garredo.
Et d'ajouter, lucide et d�sabus�: "On peut gloser � l'infini sur le manque de moyens. Mais au fond, le probl�me n'est pas l�. Il faut cesser d'allumer volontairement des feux".
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