Apr�s la dissolution du "FLNC des anonymes" dans le FLNC Union des Combattants
Mardi, 29 juillet 2003
Nous avions annonc� il y a quelques jours que des tentatives de rapprochement avaient lieu au sein de la clandestinit� corse. La dissolution du "FLNC des anonymes" dans le FLNC Union des combattants, annonc�e dimanche n�en est que la premi�re �tape. Le plus important n�est pas d�ailleurs cette fusion qui ne repr�sente en terme num�rique quasiment rien, mais le contenu du message lanc� par l�organisation clandestine jusque-l� oppos�e � l�Union des Combattants.

Outre son intention de reprendre la lutte arm�e, le FLNC des Anonymes lance un appel testamentaire au FLNC 3 "Nous allons reprendre la lutte arm�e et la radicaliser. Et comme l'union fait la force, nous rejoignons la structure de l'union des combattants et appelons nos fr�res de lutte du FLNC � nous rejoindre afin de faire un front uni face � l'�tat colonial fran�ais".
"Voil� maintenant sept mois que nous avons interrompu nos actions militaires. Nous pensions que cette tr�ve aurait permis � l'�quipe Sarkozy de mettre en place une politique propice � une avanc�e institutionnelle pour la Corse", �crivent les clandestins estimant avoir "�t� une nouvelle fois grug�s".
"Certains de nos militants ont �t� arr�t�s et se morfondent dans les prisons, la pr�somption d'innocence d'Yvan Colonna a �t� bafou�e, ceux qui l'ont h�berg�, selon notre coutume, sont eux aussi embastill�s", ajoutent les clandestins en qualifiant "la situation actuelle" de "gravissime".

Le FLNC des anonymes a revendiqu� dans le pass� certains des attentats les plus destructeurs commis en Corse. Deux d'entre eux ont notamment vis� � un an d'intervalle (juillet 2001-2002) la caserne de CRS de Furiani qui sera presque enti�rement d�truite par cinq explosions le 18 juillet 2002. Un autre attentat contre la caserne de gendarmes mobiles de Borgo, le 23 juillet 2001, avait fait 14 bless�s l�gers, douze militaires et deux employ�s civils de la caserne. �galement � leur actif, des mitraillages de b�timents de l'�tat, de commissariat ou de gendarmerie.

L'organisation a cependant �t� en partie d�mantel�e par plusieurs vagues d'arrestations en d�cembre 2002, f�vrier et avril 2003. Une quinzaine de ses membres pr�sum�s ont �t� mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et �crou�s. Selon les policiers, ces arrestations avaient permis d'�lucider 21 actions.

On ne peut �videmment qu�interpr�ter ces propos � la lumi�re cependant des informations qui ont filtr� jusqu�� nous. Nous savions que les organisations clandestines entendaient, apr�s la victoire du non au r�f�rendum, radicaliser leur action. C�est ce qu�a fait l�Union des Combattants en rompant une tr�ve d�ailleurs tr�s formelle, � cause de la pression mise par le FLNC3. Le cas du FLNC des Anonymes �tait un peu particulier, celui-ci ayant �t� mis hors d��tat de nuire � la fin de l�ann�e 2002 gr�ce � de miraculeux renseignements parvenus � la police apr�s que l�organisation clandestine ait os� s�attaquer aux bureaux de l�entreprise Vandasi prot�g�e par le dirigeant du FLNC Union des Combattants secteur de Bastia.

Cette � unification � ne repr�sente en fait que la � capture � d�un canal d�authentification et n�a de valeur que si on la consid�re sous l�angle politique. L�union des combattants n�a pas l�intention de se laisser d�border par le FLNC3 � la veille d�une consultation �lectorale aussi importante que les territoriales de mars 2004. Des contacts avaient donc �t� pris avec les lambeaux des Anonymes, pour la plupart anciens sympathisants de Fran�ois Santoni mais surtout avec le FLNcC 3. Ce dernier a deux bases territoriales : le Fium�Orbo et Ajaccio. Sur cette ville il peut compter sur des �quipes polyvalentes qui travaillent � la fois pour lui pour l�Union des Combattants plus particuli�rement pour l�un des responsables de cette Union, aujourd�hui un peu mis sur la touche.

Les contacts sont pass�s par un ancien dirigeant du FLNC, ami ambigu de Fran�ois Santoni, et d�sireux d�appara�tre lors des territoriales. Car c�est bien de cela dont il s�agit : comment d�une part �tre �lu � l�Assembl�e et comment r�gler le probl�me des d�tenus. La victoire du � non � pr�n�e d�une certaine fa�on par le FLNC 3 a d�sar�onn� le FLNC Union des Combattants qui avait tout mis� sur une victoire du � oui � et donc sur une supr�matie politique lors de la constitution des listes nationalistes. Aujourd�hui, la partie semble plus d�licate. C�est pourquoi l�aile clandestine dominante fait pression sur les autres structures clandestines pour aller dans � l�union � aux � �lections �.

Nul ne sait si le FLNC3 donnera son accord pour rejoindre une Union des Combattants qu�elle avait quitt� il y a quelques mois quand le FLNC du 5 mai, Clandestinu et Fronte Ribellu, autrement dit les masques d�un m�me visage, avaient d�cid� de rompre l�alliance scell�e en d�cembre 1999. Le ridicule devrait emp�cher une telle fusion mais certainement pas emp�cher des actions conjointes d�envergure. Toutefois la m�fiance domine dans le FLNC 3 qui n�oublie pas que les premiers anonymes, ceux qui avaient revendiqu� l�assassinat du pr�fet Erignac et les autres Anonymes, avaient �t� proprement balanc�s � la police. Une mani�re peu d�licate mais semble-t-il habituelle, de se d�barrasser de concurrent. Or l�Union des combattants a besoin aujourd�hui d�une unit� de fa�ade mais il la rompra au lendemain des �lections.

La situation serait trop simple si les seuls param�tres �taient ceux �nonc�s. Car si le FLNC3 se cherche une apparence l�gale, beaucoup de nationalistes qui ont th�oriquement rompu avec clandestinit� n�ont pas rompu avec l�id�e de violence. Plusieurs anciens dirigeants nationalistes ont abandonn� la clandestinit� d�abord parce que la clandestinit� les avait abandonn�s. C�est le cas pour Jean Biancucci ou encore Pierre Poggioli. Tous deux ont �t� des dirigeants du FLNC qui les a, un jour, chass�s de ses rangs. C�est tout au moins la th�se du FLNC puisque Pierre Poggioli affirme que c�est lui qui a fait le choix de quitter une organisation qui ne correspondait plus � � sa d�marche �thique �. Mais ces deux hommes et bien d�autres connaissent le terreau corse, un terreau ambigu sur lequel pousse l�herbe de la violence.

L��lectorat nationaliste vote, qu�on le veuille ou non, majoritairement pour une organisation qui se revendique de la violence politique : Corsica nazione, coquille vid�e enti�rement cr��e par Indipendenza et plus encore en 1992 par le FLNC Canal historique. Cet �lectorat qui varie entre 15 et 20 % des votants est un �lectorat stable. Si la crise politique et �conomique perdurait, il pourrait m�me monter au-del� des 25 % ce qui transformerait le mouvement nationaliste en premi�re force �lectorale de la Corse, ce qui constituerait un v�ritable paradoxe pour un mouvement nationaliste profond�ment anti-d�mocratique. Toute comparaison �tant difficile � faire, les nationalistes capitalisent en Corse un �lectorat qui se retrouverait sur le continent avec le Front national et un �lectorat qui ressent la revendication corse comme juste.

Comme nous l��crivions dans de pr�c�dents articles, ce qui manque aux nationalistes violents pour vraiment jouer les premiers de classe, sont ces petits pour cent que les nationalistes non-violents, r�ussissent encore � rassembler autour d�eux. Or une partie de ces derniers a d�cid� de jouer la carte du FLNC3 et d�une mani�re plus g�n�rale de tenter de capter l��lectorat � violent �. C��tait tout le sens de la man�uvre de l�appel d�A Tramula et des conciliabules qui ont lieu aujourd�hui entre certaines fractions de l�Union des Combattants sudistes et quelques anciens chefs, d�clar�s � anti-violents �.

La seule mani�re qu�a l�Union des Combattants de s�imposer est de pratiquer une certaine radicalisation qui emp�che le FLNC 3 de prendre la t�te de la contestation clandestine. L�attentat contre les locaux de l�EDF ce dimanche signe vraisemblablement la fusion des deux FLNC (Union des Combattants et Anonymes) comme le double attentat contre les locaux de la DDE et ceux de l�URSAFF en novembre 1999 annon�ait l�entr�e du FLNC du 5 mai dans l�Union des Combattants.

L�attentat contre le pont de Viggianello annonce de son c�t� une action spectaculaire � venir. Les mois � venir risquent fort d��tre bruyants. Pourtant les clandestins semblent s�interdire de tuer. Un article de L�investigateur leur pr�tant cette intention a fait beaucoup de bruits dans leurs rangs. Il a m�me �t� soup�onn� d�avoir �t� �crit par les RG pour pr�parer la r�pression. Cette parano�a est d�autant plus stupide que nous avons �crit cet article sur la foi de renseignements tr�s pr�cis venus du sud de l��le. Mais il est possible que la direction g�n�rale ne soit pas au courant de ce qui se trame � la base. Elle para�t parfois tellement loin des pr�occupations des petits soldats. � suivre donc�

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