Le d�put�-maire de Bastia, �mile Zuccarelli (PRG), et le s�nateur de Corse-du-Sud, Nicolas Alfonsi (PRG), ont lanc� jeudi � Ajaccio "l'Union r�publicaine pour le Non", qui fera campagne contre le projet de nouveau statut de la Corse sur lequel seront consult�s les insulaires le 6 juillet.
"Nous allons mener campagne avec force et efficacit�", ont expliqu� devant la presse MM. Alfonsi et Zuccarelli, entour�s d'une dizaine d'�lus, la plupart engag�s � gauche. Pour eux, la consultation "est loin d'�tre jou�e" car "l'�cart ne cesse de se r�duire entre le oui, qui �tait donn� largement gagnant il y a deux mois, et le non", a estim� M. Zuccarelli, selon qui une forte proportion d'�lecteurs semble encore ind�cise.
Pour les promoteurs de "l'Union r�publicaine pour le non", "le projet de cr�ation d'une collectivit� unique par la suppression des d�partements rec�le des dangers importants pour la Corse". Le regroupement des comp�tences "va conduire � une concentration excessive des pouvoirs en un seul lieu, entre les mains de quelques-uns".
Selon M. Zuccarelli, la "raison profonde" de cette r�forme d�fendue par le ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy est "de complaire aux plus violents de la famille nationaliste". Mais, a-t-il ajout�, ces derniers "ont d�j� fait savoir qu'ils reprendraient, d�s le lendemain de la consultation, leurs actions pour atteindre leur objectif final: l'ind�pendance".
M. Alfonsi a par ailleurs d�clar� qu'il "voyait mal comment le pr�sident de la R�publique pourrait s'impliquer dans la campagne �lectorale alors qu'il ne s'agit que d'une consultation pour avis. L'imagine-t-on le faire pour l'Alsace par exemple?".
M. Sarkozy avait indiqu�, le 30 mai en Corse, que le pr�sident de la R�publique se "manifestera clairement" avant le scrutin vraisemblablement � FR3 Corse.
MM. Alfonsi et Zuccarelli ont pour eux une coh�rence d�action. Ils s��taient prononc�s dans le pass� contre le projet Joxe qui fixait le statut de la collectivit� territoriale et contre la d�marche du processus de Matignon initi� par le premier ministre Lionel Jospin.
Ils veulent en cr�ant cette � Union r�publicaine pour le Non � faire le pendant aux �lus de droite �galement pour le � Non �. Mais surtout ils entendent r��quilibrer la famille radicale de gauche qui a vu l�un de ses �minents membres, Paul Giacobbi former � la Corse en marche � partisane du oui.
La position d��mile Zuccarelli est presqu�une affaire de famille. Son p�re, Jean, avait appuy� en 1975 la formation des deux d�partements qui donnait, � son go�t, une place l�gitime � Bastia. C�est l� une des inqui�tudes des nordistes que d��tre � d�vor�s � par Ajaccio. En l�occurrence, les �lus corses ont bien du mal � r�fl�chir en termes �conomiques et pr�f�rent la logique de pouvoir. Or le pouvoir appartient � celui qui est cens� d�tenir les r�nes de l�appareil �tatique sur place. D�o� l�importance d��tre pr�fecture et non sous pr�fecture comme risquait de l��tre Bastia.
L�autre crainte de MM. Alfonsi et Zuccarelli est le l�chage par la France. Selon eux, le oui est une r�ponse positive aux exigences nationalistes. Pour tous ceux qui connaissent le mouvement nationaliste, la question imm�diate qui vient � la bouche est toute simple : comment un mouvement qui ne parvient pas � se g�rer g�rerait-il la Corse ? Est-il raisonnable d�affirmer qu�un statut qui est celui de droit commun pour toute l�Europe, pourrait mener la Corse � la s�cession. Cette exigu�t� de raisonnement ne formerait-elle pas un pan de la fameuse exception culturelle fran�aise qui fait de ce pays une nation ingouvernable et en tous les cas, hostile au bout du compte � tous les changements ?
Au bout du compte, les positions de MM. Alfonsi et Zuccarelli, parfaitement honorables d�ailleurs sont plus id�ologiques que pragmatiques. Mais elles correspondent ind�niablement � l��tat d�esprit d�une bonne moiti� de la Corse.
Un r�cent sondage publi� par le Parisien du 9 juin donne 54% pour le oui. La grande inconnue est le nombre d�abstentionnistes et ils risquent d��tre nombreux.
La position de MM. Zuccarelli et Alfonsi tout comme celle des maires de droite pour le non est tout simplement la p�rennisation d�une Corse qui craint que le mouvement ne remette tout en cause jusqu�aux liens avec la France. C�est en d�finitive cette Corse-l� qui, avec les nationalistes, est la moins certaine de sa francit�.
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