Jean-Claude Leys, futur patron de la S�ret� de l'Etat belge
LES TERRIBLES MENSONGES DU JUGE LEYS
Mercredi dernier, l'�mission " Au Nom de la Loi " de la RTBF nous a montr� un ancien juge d'instruction Jean-Claude Leys, aujourd'hui promu avocat g�n�ral � Mons, menteur et hypocrite. Jean-Claude Leys, jadis en charge de l'affaire KB-Lux, qui aujourd'hui avoue, d�sempar�, ne pratiquement plus conna�tre jusqu'au nom de cette banque sur laquelle il enqu�ta et, oh grand Dieu, nous jura en mentant effront�ment, ne jamais avoir tenu entre ses mains ne serait-ce que le moindre document compromettant.
Au cours de l'ann�e 2 000, j'ai eu en tant que journaliste investiguant sur le dossier KB-Lux et le blanchiment d'argent noir au Luxembourg, une dizaine de contacts t�l�phoniques avec l'homme � la pipe et trois r�unions de travail physiques avec lui, une quatri�me ayant avort�e pour des raisons d�crites plus bas. L'objectif �tait double : d'une part, permettre au journaliste de v�rifier l'authenticit� de certains documents transmis par un informateur connu pour �tre tout, sauf honn�te et d'autre part, permettre au juge d'entrer en possession de documents et preuves que ce t�moin, le fameux Costa, ne lui remettait pas lors des auditions officielles.
"Je vous remercie "
M�me si Leys pr�tend aujourd'hui ne m'avoir rencontr� qu'une seule fois et se demande pourquoi il aurait fr�quent� le journaliste alors qu'il avait le t�moin Costa dans son bureau quand il le voulait, je vais lui rafra�chir la m�moire, � lui qui me t�l�phona un jour pour me dire : " vous vous d�brouillez fort bien avec Costa. Je vous en remercie. "
Apr�s avoir utilis� une fois l'avocat Jean-Paul Thieleman, ami de Leys, pour une transmission de documents d�j� ultra sensibles (je dispose de la lettre d'accompagnement et m�me jusqu'� l'enveloppe annot�e), il y eut trois r�unions de travail bien distinctes :
La premi�re eut lieu au Restaurant " Les Arcades " � Chapelle les Herlaimont, la commune dont Patrick Moriau est le d�put�-maire. Y �taient assis � table Jean-Claude Leys avec � sa droite Jean Nicolas, en face de Leys Patrick Moriau et en face de Nicolas Fr�d�ric Lavachery. Des documents et informations concernant la KB-Lux avaient d�j� �t� transmis pr�c�demment par un interm�diaire. Je pris ce soir l� beaucoup de notes. Et ce n'�tait pas l'affaire de la Kredietbank qui constituait l'essentiel du menu, mais plut�t la famille royale dans son ensemble ainsi qu'un r�cent voyage du Prince Philippe en Egypte. La soir�e se termina tard dans la nuit, le brave juge n'�tant plus tr�s coop�ratif sur le coup de 1 heure du matin, troquant son r�le de magistrat pour celui de chanteur polissonnes, au grand plaisir ( ?) des autres clients de l'�tablissement.
Le second rendez-vous eut lieu non loin du lieu de r�sidence priv� du juge, � Nivelles, dans un restaurant de la grand place. Trois personnes � table : Leys, Moriau et Nicolas. Pendant le repas, nous tourn�mes une interview pour l'ARD avec Moriau. Antonino Costa �tait en permanence en contact t�l�phonique avec moi et attendait dans un caf� de la place pour r�pondre � d'�ventuelles questions.
Le troisi�me rendez-vous est de loin le plus important dans le cadre de l'affaire des comptes secrets de la Kredietbank Luxembourg : il a lieu � l'h�tel Hilton � Bruxelles et consiste en un t�te � t�te entre Leys et moi. Il s'agit de commenter certains comptes de l'affaire KB-L qui visiblement, vu ce rendez-vous de conjur�s dans cet endroit discret, ne sont pas destin�s � figurer en proc�dure. Leys ne ment donc pas quand il affirme que ses enqu�teurs n'ont pas retrouv� certains documents royaux dans les dossiers KB.
Costa attend � quelques m�tres du Hilton, � l'ext�rieur, dans sa voiture (d�tail marrant : toujours propri�t� de la KB). Il m'a confi� un paquet de documents pour Leys que je lui remets et reste disponible pour expliquer et pour r�pondre aux questions, m'obligeant � deux reprises � sortir (il pleut) pour r�pondre aux questions techniques du juge. Un juge qui �videmment, pour ne pas casser sa proc�dure, ne peut voir Costa ailleurs que dans son bureau. Quand je quitte le fumeur de pipes, apr�s une bonne heure, le prochain visiteur est d�j� au bar et attend d'�tre re�u par Leys, calfeutr� dans un fauteuil en cuir majestueux du bar du Hilton ; il s'agit de M. H., personnage bien connu, qui me salue avec un sourire complice et une poign�e de main appuy�e.
Les coups de t�l�phone de Leys
Il aurait d� y avoir une quatri�me rencontre, mais elle a avort� au dernier moment. Voici comment, dans le num�ro 104 de " L'investigateur ", je raconte, sans pr�cision d'identit�s � ce moment l�, ce qui a emp�ch� cette rencontre d'avoir lieu : " " Interrompez votre action ! Vous �tes suivis. " Les hommes de notre informateur qui a autorit� sur un groupe de policiers, ont averti leur patron qui nous faisait filer par ses sbires pour �tre s�r que nous ne soyons pas victimes de filatures et que notre rendez-vous secret ne devienne public.
Or, qu'est-ce que ces " bons " policiers doivent constater ? Que de " mauvais " flics nous suivent, un r�dacteur du " Spiegel " du bureau de Bruxelles qui m'accompagne et moi m�me. Je coupe la communication sur mon t�l�phone portable et pr�viens mon coll�gue. Nous sommes plut�t d�sempar�s � nous imaginer ainsi, tel deux journalistes bien na�fs qui tra�nent derri�re eux des policiers charg�s de les surveiller, eux m�me suivis par d'autres flics, cens�s constater si nous sommes suivis. En fait, nous sommes � ce moment l� dans le train Bruxelles-Namur et avons rendez-vous (il y sera d'ailleurs) � l'H�tel des Flandres avec Antonino Costa. Nous devons continuer avec ce dernier et dans sa voiture direction Chapelle les Hairl�mont pour y rejoindre Patrick Moriau et� le juge d'instruction � ce moment l� en charge de l'affaire KB-Lux, Jean-Claude Leys. C'est ce dernier qui nous pr�vient in extremis de la filature.
Deux mois plus tard, le 6 septembre 2 000, je prom�ne mon chien quand mon portable me pr�vient � nouveau :
" Jean, je viens d'apprendre que quelqu'un t'a coll� un priv� sur le dos. Un gars de la r�gion de Li�ge, je n'en sais pas plus. M�fie toi. ". C'est Patrick Moriau, alert� par Leys, qui me pr�vient ainsi, gentiment.
Des mensonges claires et pr�cis
Voil� pour les mensonges clairs et pr�cis du grand juge Leys qui, lorsque j'�tais entr� en possession des microfiches de Costa, se proposa m�me de m'aider � acqu�rir la machine indispensable pour les d�velopper. Il est �vident qu'il y eut d'autres contacts par d'autres personnes interpos�es et " coursiers " entre Leys et moi m�me, mais je crois que ce qui figure ci dessus devrait suffire � d�montrer les mensonges du juge d�masqu�. On reparlera une autre fois s'il le faut de certaines s�ances de consolation en pleine crise conjugale belgo-v�n�zu�lienne, en pr�sence d'un d�put�maire et d'une journaliste allemande dont le charmne relatif ne laissa pas indiff�rent les deux hommes�
Mais la question essentielle de tout cela : Qu'a fait Leys des documents que je lui ai remis ? Myst�re� A moins que ne� N'oublions pas que le ministre refusa longtemps, tr�s longtemps, de signer sa nomination � Mons�
L'ex juge d'instruction, sp�cialis� dans les affaires financi�res, tra�ne en tout cas une r�putation on ne peut plus sulfureuse. Si d'aucun pr�tendent qu'il �tait � la fin des ann�es quatre-vingt-dix la cible d'une campagne de calomnie orchestr�e par une agence priv�e d'espionnage �conomique, Inforcom, qui diffusa des documents sens�s d�montrer le manque de probit� du juge (notamment des faits de corruption et des malversations financi�res du temps o� Leys travaillait encore dans le secteur priv�), le juge n'a jamais su vraiment d�monter ces accusations. Sa vie de " commercial " dans le priv� avant de devenir magistrat belge et certaines pi�ces t�moignent de ce que Leys, l'actualit� vient de le souligner, n'est pas � un mensonge pr�s ! Pour certains observateurs, c'est l'instruction du dossier KB-Lux qui lui vaut ces attaques.
Pour " L'investigateur ", c'est plut�t sa fa�on de m�langer le priv�, le hors proc�dure et son mandat de magistrat ! Leys a �t� accus� ces derni�res ann�es d'avoir pratiqu� des �coutes t�l�phoniques ill�gales, il a �galement �t� expos� � des critiques �crites s�v�res du substitut Degryse du Parquet de Bruxelles, qui, en 1999, trouvait �galement que les relations entre Antonino Costa, le taulard t�moin num�ro 1 du juge dans l'affaire KB-Lux et le magistrat �taient parfois plut�t �tranges. Degryse avait d'ailleurs tent�, d�but 2 000, de soustraire pendant quelques heures le fameux faussaire Costa de l'influence de Leys. Mais le juge d'instruction � la pipe avait r�ussi � intervenir pour que Costa ne soit pas �crou� ce soir l� et il s'en �tait d'ailleurs f�licit� dans une br�ve conversation t�l�phonique qui se voulait rassurante, avec moi. C'�tait encore l'�poque o� le juge comptait sur le journaliste pour " extraire " au t�moin Costa certains renseignements que ce dernier refusait obstin�ment de donner dans les auditions officielles au bureau du juge.
La revanche de Leys et Costa
Leys et Costa entreprirent d'ailleurs une autre op�ration truqu�e, � l'image de la perquisition mont�e de toutes pi�ces dans l'apprtement du fameux v�t�rinaire - informateur de police - alcoolique Jean-Pierre Leurquin. Voici comment un hebdomadaire belge raconte l'affaire : " (�) L'hebdomadaire flamand Knack publie le rapport du Comit� P (la police des polices) sur la fa�on dont la police judiciaire de Bruxelles a travaill� au tout d�but de l'affaire KB Lux. Le rapport ne d�tecte, en fait, rien de particuli�rement grave dans les m�thodes de travail des policiers. Seul, l'un d'eux pourrait subir une sanction pour non respect de la proc�dure dans le cadre d'une perquisition. Mais d�j� ce rapport est utilis� par l'hebdomadaire flamand et le journaliste Franck De Moor pour, une fois de plus, mettre en cause le juge Leys qui aurait couvert ses enqu�teurs et en payerait maintenant "les pots cass�s". (�)
Dans le prolongement de la publication de ce rapport par Knack, on a appris que le journaliste Franck De Moor avait �t� interpell� vendredi en fin de matin�e par la police judiciaire de Bruxelles. Un peu plus t�t, le juge d'instruction Leys avait re�u des informations selon lesquelles notre confr�re avait rendez-vous � l'h�tel Hilton avec un "acteur" du dossier KB Lux. Le juge d'instruction avait imm�diatement r�dig� un article 29 transmis au substitut Degryse. � l'heure et � l'endroit annonc�s, les policiers rep�raient effectivement Franck De Moor et l'un des cadres de la KB Lux � l'origine du vol des listings de la client�le. Comme annonc�, le journaliste flamand �tait en possession non seulement du rapport du Comit� P mais aussi de copies de pi�ces provenant du dossier d'instruction du juge Leys sur la KB Lux. Les documents saisis d�montreraient, en tout cas, que Franck De Moor a b�n�fici� d'une fuite (�) "
Or, ce d�licat personnage d�crit comme " l'un des cadres de la KB Lux " n'est autre que le fameux faussaire Antonino Costa qui remet ce matin l� les pi�ces en question � de Moor. Les policiers de Leys, qui avaient �t� pr�venus par Costa et mont�rent donc l'op�ration d'un commun accord avec le repris de justice italo-belge, ne firent finalement saisir que ce que Costa avait remis au journaliste quelques minutes plus t�t. Costa se vanta d'ailleurs publiquement " d'avoir bais� la gueule " au journaliste flamand. En tout cas, juge et escroc avaient pris leur revanche dans une interpellation mont�e.
JN
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